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Mes parents accordaient beaucoup d'importance aux prénoms et à leurs significations. Mon frère, l'aîné, se nommait Ambrose ce qui pour eux voulait dire ''L'enfant immortel''. Si ma sœur avait eu le temps de voir le jour, on l'aurait connu sous le nom de Hyacinth, une fleur violacée. À ma naissance, ils m'ont fait don du nom désignant pureté et sagesse, définition que ne colle en rien avec ma personne, c'est après leur mort que je me suis approprié un prénom dénué de sens; Cerise. S'ils avaient su que l'incendie ne reculerait pas devant l'enfant soi-disant immortel et qu'est-ce qu'une petite fleur aurait bien pu faire pour contrer les flammes? Alors que j'étais tranquillement tapis dans l'ombre avec un homme pour me tenir compagnie, ma parfaite famille s'en allait ad patres.

À partir de là, les choses n'ont fait qu'empirer pour moi. Moi qui avant  vivait au sein d'une famille fortunée de banlieue, je suis clôturée entre les  quatre murs d'un appartement bon prix aussi gros que mon ancienne chambre. Je vais à l'école, mes copains m'évitent avec soin, je retourne chez moi, je pleure, tout ça en boucle. Je prend bien soin de ne pas laisser mes yeux rougis par la peine se faire voir lorsque je suis en publique, ce serait  humiliant. Eux, à l'école, ils me voient encore de la même manière qu'avant. ''Cette gosse de riche aguicheuse et facile malgré ses haut standards.'' ils me  détestent encore de la même manière, me craignent de la même manière,  me baisent de la même manière. Jamais un mot doux de personne, ils se  disent que je suis assez forte pour affronter ce grand feu seule.

        Qu'est-ce qu'une petite cerise comme moi peut y faire, malgré tout?

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